Rencontre avec Sébastien d’Hérin

Sébastien d’Hérin est le nouveau directeur artistique de Sinfonia. C’est aussi le chef d’orchestre des Nouveaux Caractères, qui joueront deux concerts cette année : Don Juan et Silete Venti.

Le Don Juan de Gluck est un ballet un peu étrange, qui date de l’époque où le ballet est devenu une forme à part. Cela faisait longtemps que j’avais envie de le jouer. De par sa résonance avec l’année Molière et, évidemment, les œuvres contemporaines de Mozart, nous y intercalerons des airs de Mozart et plus particulièrement de Don Giovanni. Le concert est un voyage dans l’art lyrique de Mozart ponctué par le ballet de Gluck, deux germaniques qui ont essayé de percer en même temps à Paris.

Silete Venti est une œuvre unique, car c’est un grand motet en latin, ce qui est rare chez Haendel. Nous la jouons en petit effectif, avec un hautbois solo qui donne la réplique à une voix soprano. Par résonance instrumentale, nous y avons adjoint le Concerto pour hautbois en ré mineur de Marcello, dont le deuxième mouvement est un tube absolu, ainsi que des œuvres de jeunesse de Haendel pour la voix.

Avez-vous une œuvre ou un compositeur baroque préféré ?

À vrai dire, je retombe toujours sur les mêmes : Monteverdi et Rameau. J’ai sans doute une fascination pour Rameau, et plus particulièrement pour Les Boréades, Les Indes Galantes… et Hippolyte et Aricie, dont le livret est génial.

Quel est votre meilleur souvenir de concert en tant qu’artiste ?

Peut-être un concert avec Jean-Claude Malgoire, où nous avions joué des extraits des Indes Galantes de Rameau à Rome. Ou un concert avec Jean Tubéry à la cathédrale de Quito en Équateur… Je pense aussi au soir où j’ai dirigé le Requiem de Mozart en tant que chef pour la première fois : pour beaucoup de musiciens, c’est vu comme un aboutissement. Même si je ne me reconnais pas trop dans ce genre de considérations, il y a quand même une vraie émotion à diriger le Requiem de Mozart.

Et en tant que spectateur ?

Spontanément, je pense à un spectacle de théâtre. J’y allais à reculons, traîné par mon épouse, j’ai vu « durée : 3 h 40 » écrit sur le programme et j’ai pensé « AU SECOURS ». Et en fait, c’était incroyable. C’était Mai, juin, juillet de Denis Guénoun, mis en scène par Christian Schiaretti au Théâtre National Populaire de Villeurbanne en 2015. C’est une pièce très politique sur l’époque de mai 1968, donc ni un genre ni un thème qui me passionnent au premier abord, et pourtant c’était un spectacle choral génial qui m’a marqué.

Propos recueillis par Clémence Hérout.

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