Rencontre avec Jean Rondeau

Le claveciniste Jean Rondeau sera présent à Sinfonia en solo pour les Variations Goldberg de Bach, et avec son ensemble Nevermind pour un récital consacré à la compositrice Élisabeth-Claude Jacquet de la Guerre. Interview réalisée par téléphone alors que Jean Rondeau roulait en Estonie vers l’église de Haapsalu où il jouait le soir.

Vous avez déclaré en entretien que les Variations Goldberg étaient une ode au silence, qu’avez-vous voulu dire ?

J’ai surtout voulu dire que je ne voulais pas en parler !… Si on voulait vraiment dire quelque chose des Variations Goldberg, il faudrait en parler longtemps, en se plongeant dans une réelle analyse musicale. Je ne suis pas sûr que les mots subliment cette œuvre – c’est pourquoi j’ai préféré évoquer le silence, qui est un matériau essentiel dans la musique.

Comment présenteriez-vous la compositrice Élisabeth-Claude Jacquet de la Guerre aux personnes qui ne la connaissent pas ?

Enfant prodige repérée par Louis XIV, c’est l’une des rares femmes compositrices de cette époque. Son style très personnel, assez moderne pour son temps, aboutit à une musique somptueuse portée par une grande inventivité mélodique couplée à une richesse harmonique. Élisabeth-Claude Jacquet de la Guerre était une vraie pionnière, et son style, qui réunit les goûts italien et français, a eu une grande influence ensuite.

Avez-vous une œuvre ou un compositeur baroque préféré ?

Non. À vrai dire, je fais même attention à ne pas avoir de préférence afin de rester le plus ouvert possible et éviter de hiérarchiser les œuvres et styles. Bach et Monteverdi appartiennent à deux mondes trop différents pour avoir une préférence…

Quel est votre plus beau souvenir de concert en tant qu’interprète ?

C’est difficile d’en identifier un. Beaucoup de facteurs entrent en jeu : l’atmosphère, le lieu, l’instrument, le public… Et parfois, tout s’aligne. J’aime bien que toutes les conditions soient réunies pour que la musique s’exprime, la partager, et créer quelque chose de commun avec le public.

Et en tant que spectateur ?

Spontanément, je pense aux trois ballets de Stravinski qui ont été donnés à la Philarmonie de Paris par le London Symphony Orchestra dirigé par Simon Rattle, dans l’ordre chronologique : L’Oiseau de feu, Petrouchka et Le Sacre du Printemps. C’était bouleversant, une vraie expérience, qui plus est dans une salle dont l’acoustique est excellente pour un orchestre symphonique et ce répertoire. C’est un beau souvenir.

Propos recueillis par Clémence Hérout.

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